Soirées d'échanges et de débats

Rappelons au préalable le sens que prend  l'expression « soirée-débat » à l'APPQ. Dans notre esprit, il ne s'agit pas de polariser les positions sur un sujet donné mais plutôt d'énoncer des perspectives différentes voire des points de vue divergents — points de désaccord ou de dissonance — entre les discours présentés afin de susciter la réflexion, la mise en commun, la discussion.

C'est pourquoi, outre nos partenaires associatifs habituels — cliniciens, psychologues, psychothérapeutes psychanalytiques, psychanalystes, psychiatres, travailleurs sociaux — l'APPQ valorise et favorise l'idée de faire entendre une diversité de voix sur différents sujets d'actualité. Elle offre son hospitalité à des professionnels de différents horizons disciplinaires — sciences, sciences humaines et sociales, arts et lettres. Une rencontre inter-multi-disciplinaire comme des petites lumières dans la nuit.

Les soirées-débats ont lieu deux fois par année à l'automne et à l'hiver. Elles sont animées par Mme Chantal Saint-Jarre, membre de l'APPQ.

Pour l'année qui vient, nous maintenons le fil rouge de la transmission inter et trans-générationnelle de traumas en centrant la réflexion, cette fois-ci, sur la mémoire collective et les traumatismes de guerre.

Notre prochain évènement aura lieu le vendredi 21 mars de 18h30 à 21h avec notre invitée, Mme Marie-Josée Gicali, survivante du génocide contre les Tutsi au Rwanda, Docteure en sciences de l'éducation à l'UQAM et autrice du livre On n'oublie jamais rien. Le génocide comme je l'ai vécu. 

Pour vous inscrire: https://appq.com/events/la-memoire-collective-par-chantal-saint-jarre-4/

Titre: Survivre à l’innommable : témoignage d’une rescapée du génocide contre les Tutsi rwandais de 1994.

Résumé:

Le génocide commis contre les Tutsi du Rwanda, tout comme d’autres génocides, est le résultat de politiques extrémistes qui prêchent la haine et l’exclusion d’un groupe d’humains. Il correspond tout à fait aux dix étapes du génocide étudiées par Grégory H. Stanton. Les racines de la division des Rwandais en groupes ethniques remontent à l’époque de la colonisation belge, avec le principe du « diviser pour régner ». La haine fut renforcée par la première et la deuxième république hutu ; les Tutsi étaient des No man's land, des étrangers, dépeints comme des bêtes ou des insectes à éliminer pour le bien-être de la majorité hutu.

Cette haine, ponctuée par des périodes de massacres des Tutsi, fut à l’origine de l’exode d’un grand nombre de Tutsi vers les pays limitrophes, sans possibilité de rentrer au Rwanda. La solution finale est celle de 1994, où plus d’un million de Tutsi et de Hutu modérés furent sauvagement massacrés. Les génocidaires, après avoir perdu la guerre contre le Front Patriotique Rwandais qui a mis fin au génocide, ont eu le temps de fuir vers le Congo, pays limitrophe à l’ouest du Rwanda, emportant armes et biens de l’État, ainsi que l’idéologie du génocide qui continue dans l’est de ce pays.

Je fais partie des quelque 400 000 rescapés qui ont eu la chance ou la malchance de survivre. Je me suis cachée dans un presbytère pendant plusieurs jours avec un millier de fugitifs, menacés jour et nuit. Nous étions laissés à notre triste sort. J’ai perdu un grand nombre de membres de ma famille à qui je n’ai jamais pu donner de sépulture. Arrivée au Québec en 1998, j’ai refait ma vie, poursuivi mes études et fondé une famille. Je suis une heureuse mère de deux enfants rwando-québécois.

Je dédie aujourd’hui ma vie à la difficile mission de sauvegarde et de transmission de la mémoire du génocide des Tutsi. Je le fais pour que les victimes ne tombent dans le néant, pour les faire vivre. Je le fais pour “plus jamais ça”, pour que notre humanité se souvienne, comme une mise en garde. Je fais partie des associations de rescapés (Page-Rwanda : Association des Parents et Amis des Victimes du Génocide contre les Tutsi du Rwanda) et Ibuka (Souviens-toi). La mémoire, la solidarité, la justice : voilà la raison de notre lutte et de notre raison de vivre.

Biographie:

Née au Rwanda, Marie-Josée Gicali vit au Québec depuis 1998. Elle est survivante du génocide commis contre les Tutsi du Rwanda, où elle a perdu un grand nombre de ses proches. Elle a fait son doctorat en Sciences de l’Éducation à l'Université du Québec à Montréal, où elle a mené sa recherche sur l’éducation à la paix. Elle est auteure du livre On n'oublie jamais rien, paru en mars 2019 aux Éditions Hurtubise. Elle y partage l’histoire de sa vie avant, pendant et après le génocide.  Elle s’implique dans des projets de prévention de la violence et de transmission de la mémoire. Dans des conférences qu’elle donne, elle aborde les aspects liés à la résilience. Elle a travaillé comme coordonatrice du projet de valorisation et de reconnaissance des personnes d’ascendance africaine (DIPAA). Elle est membre de PAGE-Rwanda à Montréal et membre fondatrice d’Ibuka Canada, les deux associations qui ont pour mission de sauvegarder et de transmettre la mémoire, pour “plus jamais ça”! Membre associée de CHORN (Centre d’histoire orale et de récits numérisés) de l’université Concordia - consacré à la transmission de la mémoire du génocide par le récit et par l’éducation.

Pour vous inscrire: 

https://appq.com/events/la-memoire-collective-par-chantal-saint-jarre-4/

** Veuillez prendre note que les inscriptions pour cette activité se terminent le 20 mars à 16h ** 

Voici le texte d'ouverture de la soirée, par Mme Chantal St-Jarre: APPQ_Soirée-débat du 21_3_2025

Textes d'ouverture des dernières soirées-débat:

Les traumatismes de guerre - 8 novembre 2024:  APPQ-Nov8

Les mémoires collectives dans les communautés autochtones - octobre et mars 2023: Intro à la SD du 25_10_23